Heart don’t fail me now, courage don’t desert me

J’adore cette période de transition. Ce moment où je sais pas trop ce que je fous mais où je suis surtout certaine de ce que je veux plus jamais vivre.

Le boulot, les potes, les sorties, les soirées toute seule : je vis la même vie, je suis dans le même film mais c’est comme si la réal avait changé, comme si quelqu’un avait refait tout l’étalonnage.

Je me suis dit que c’est moi qui avais changé et en fait, pas vraiment. Avec les années je mets de côté mes vieilles angoisses, je ne m’excuse plus d’exister. Je sais que je mérite des trucs cool, autant humainement que professionnellement.

Je suis juste moi.

J’aime bien le changement, c’est toujours salvateur et j’apprends mille trucs sur moi.

Mille trucs sur moi, mille trucs sur la vie, mille trucs sur les gens. Plus on décide à ma place de ce que je suis plus j’ai envie de partir hyper loin.

Je peux pas tant leur en vouloir après tout, j’ai fait mine d’être un livre ouvert. J’ai refoulé mes colères, caché mes angoisses.

C’est facile d’avoir l’impression de me connaître, j’aime bien parler, j’aime bien rire. Mais en vrai, les gens sont quand  même souvent pas mal à côté de la plaque.

Il doit y avoir en tout et pour tout deux personnes sur terre qui me connaissent vraiment. Deux ou trois personnes qui savent ce qui me retourne le bide.

Pourquoi je suis toujours épuisée, pourquoi j’aime prendre le bus le soir et voir les lumières et les gens contents de rentrer de soirée.

Pourquoi j’aime bien m’asseoir toute seule au bar, pourquoi j’organise mon anniversaire 3 mois à l’avance ou que je vais au cinéma toute seule.

Elles savent pourquoi je me souviens de tous les détails des histoires, elles savent ce que je fais quand je pianote sur mon téléphone saoule. Elles savent ce qui fait que j’aime vraiment les gens, même quand je devrais pas.

J’ai vraiment besoin de ça en fait, de gens qui me connaissent. Je suis épuisée d’être une idée qu’on se fait de moi, que ce soit un idéal, un fantasme ou un cliché : il y a de grandes chances pour qu’on tombe loin de la réalité.

J’ai passé sept ans à être critiquée sur chacun de mes mouvements, ça m’a foutue en l’air, privée de ma volonté d’être moi-même. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’on m’a volé mon identité pendant sept ans… et même les années qui ont suivi. On m’a volé le pouvoir que j’avais de décider de qui j’étais et ça m’a rendue folle.

Le changement, c’est se dire qu’on arrête de jouer aux filles costaudes, c’est choisir ceux qui savent pourquoi j’aime la pluie, ceux qui savent que j’ai aucun sens de la mesure, ceux qui comprennent quand mes larmes sont passagères ou que je sursaute facilement.

Le changement c’est ce petit flirt londonnien et son pull bleu marine, à qui j’aurais bien parlé du bus le soir. C’est l’appartement qui sera bientôt uniquement le mien. C’est l’envie d’ailleurs et de quelqu’un d’autre.

Mon changement, il est à la fois calme et violent. C’est un océan d’émotions qui remue pas mal ma carcasse mais qui m’amène, petit à petit, sur un autre continent qui me plait bien.

J’aime bien le changement. J’aime bien ce que je deviens, j’aime bien ce que je suis.