Un gratin de cardons, ce sont d’abord des cardons .

Un gratin de cardons il parait que c’est Lyonnais, mais dans la région tout ce qui se mange finit hégémoniquement par être Lyonnais.

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Non, un gratin de cardons c’est vernaculaire, ça sent le vieux poêle à bois , c’est la grand mère qui essuie ses mains à son tablier ( un « panaman », essuie mains en idiome local, celui que l’on retourne le Dimanche ou quand quelqu’un arrive à l’improviste ).
.Un gratin de cardons c’est un vieux souvenir qui revient tous les ans avec l’avent, un plat d’hiver dont la recette familiale, immuable se transmet de mère à fille ( la preuve, je n’ai pas le droit d’y toucher).

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En premier vient le cardon, plante magnifique mais d’un abord difficile.
On sème début Mai des graines en poquets de deux ou trois distants d’un mètre environ. Vu la mauvaise volonté que le cardon met à pousser, on pourra aisément utiliser l’espace réservé à d’autres cultures : des haricots dans la ligne, et aussi des salades et des radis tout autour.
Deux mois plus tard ( les haricots seront bons à récolter et le reste déjà consommé ) on éclaircira en ne laissant que la plus belle pousse de chaque poquet. On veillera à fertiliser de nouveau car la pante ne va pas tarder à se décider à grandir ( vers la fin Aout au mieux ) pour occuper fin Novembre tout l’espace réservé. Il sera alors temps de le lier fortement et de l’étêter pour le faire « blanchir » ( l’étioler en langage élaboré, ce qui prouve que je connais les vrais mots des livres )
Bien évidemment « on » a trouvé un moyen de « faciliter » le travail ( c’est à dire de le saloper comme il se doit ) en habillant le cordon de magnifiques housses de plastique opaque, ce qui permet de simplement le couper pour le récolter et de le préparer sur le champ ( gain notable de temps et donc d’argent ) .
La méthode traditionnelle, celle qui donne du génie au légume et donc à la cuisinière, consiste, au contraire, à arracher la plante avec sa motte pour la replanter en cave obscure où, régulièrement arrosée elle blanchira à cœur ( en pourrissant tout autour d’où le peu de goût des industriels pour la méthode ). Et là le miracle pourra avoir lieu et la fête commencer

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Ensuite la légende se concrétise, on pèle, on effile, on cuit à l’eau jusqu’à tendreté, on gratine avec béchamel à la crème et au bouillon de légumes, on parsème de moelle, on dore, on mijote à four chaud, et les odeurs d’enfance nous remonte les larmes aux yeux !!!!